Les provinces et territoires ont augmenté leurs investissements dans les programmes d’éducation à la petite enfance, mais l’accès, lui, n’a pas suivi le rythme de la mini-explosion démographique survenue au pays. La population d’enfants âgés de quatre ans et moins s’est accrue de 4 pour cent entre 2011 et 2013. Les hausses de population peuvent être inégales, mais les plus fortes d’entre elles n’entraînent pas nécessairement une augmentation des ressources mises à la disposition des jeunes enfants.
Tableau 3.1
Cliquez sur l'image pour agrandir
Télécharger le tableau en format pdf
Tableau 3.2
Certaines provinces et certains territoires ont choisi de faciliter l’accès aux programmes de développement de la petite enfance par le biais de leurs systèmes d’éducation publics. Sept des treize provinces et territoires offrent désormais la maternelle à temps plein pour les enfants de cinq ans, et Terre-Neuve se prépare à emboîter le pas en vue des inscriptions de 2016. L’Ontario et les Territoires du Nord-Ouest permettent aux enfants de quatre ans de participer à des programmes pendant des journées complètes, et l’Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba permettent aux enfants âgés de trois et quatre ans de faire de même si les circonstances dans lesquelles ils vivent sont considérées comme à risque. De plus, les ministères de l’Éducation sont devenus plus proactifs quant à la préparation des enfants d’âge préscolaire pour la maternelle. Les conseils scolaires de l’Ontario et de la Colombie-Britannique exploitent directement les haltes-garderies qui offrent toutes les mêmes programmes pendant l’année scolaire, avec un personnel d’éducateurs de la petite enfance. Le Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve et le Québec offrent des séances d’orientation aux enfants et aux parents pour l’entrée à la maternelle.
Bien que les ministères de l’Éducation (à l’exception de celui du Québec, qui n’a pas cette responsabilité) soient plus à l’aise maintenant avec les programmes pour les jeunes enfants, ils ne sont pas enclins à offrir des programmes en dehors des heures d’ouverture régulières des écoles. Certaines commissions scolaires régionales prolongent les heures des programmes, répondant ainsi aux besoins des familles actuelles. En plus du Québec, les commissions scolaires des Territoires du Nord-Ouest, de l’Alberta et de l’Ontario offrent des programmes avant et après l’école22. En Ontario, où quatre commissions scolaires ont décidé d’offrir la garde d’enfants hors de l’école, l’accès a quadruplé, les frais ont diminué, et les éducateurs de la petite enfance jouissent des mêmes avantages sociaux que les employés du secteur public23.
Pour les prestataires de services de garde, la journée complète de maternelle peut être déstabilisante. Le Québec et l’Île-du-PrinceÉdouard ont géré cela à l’aide d’un plan de transition complet qui réorientait les services des garderies vers les enfants plus jeunes. Les programmes de garderie de ces provinces sont maintenant plus stables et plusieurs options s’offrent aux familles.
En Ontario, un essai de courte durée où les commissions scolaires devaient prolonger les heures d’ouverture d’une maternelle à temps plein a été abandonné à la suite des pressions exercées par les prestataires des services de garde. Cependant, offrir des activités parascolaires aux enfants fréquentant l’école pendant des journées complètes ne constitue pas une solution économique pour les garderies. Les services de garde de l’Ontario perdent des éducateurs de la petite enfance compétents qui préfèrent travailler dans des écoles plutôt que d’effectuer des quarts de travail fractionnés dans les garderies24.
Tableau 3.3
Bien que de plus en plus de possibilités d’apprentissage s’offrent aux jeunes enfants, l’écart qui sépare l’éducation publique des garderies demeure, et les parents doivent continuer à jongler avec des programmes qui leur permettent de concilier leur vie professionnelle et familiale.
Tableau 3.4
Les débats publics sur la valeur des programmes de développement de la petite enfance portent souvent sur les « choix des parents ». Les opposants considèrent que le fait que si peu de jeunes enfants participent régulièrement aux programmes organisés est un signe que les parents ne veulent pas ou n’ont pas besoin de tels programmes. Toutefois, les préférences des familles sont peut-être biaisées par certains éléments. Par exemple, les programmes sont-ils offerts à des endroits accessibles? Les heures d’ouverture concordent-elles avec les horaires de travail et de la famille? Les programmes sont-ils abordables? Tiennent-ils compte de la langue, de la culture et des habitudes de la communauté?
La connaissance qu’ont les familles des programmes d’éducation à la petite enfance et de leurs avantages pour leurs jeunes enfants peut aussi influencer leur participation à ces programmes. Une mauvaise santé et la pauvreté, avec les exigences économiques et sociales qu’elles entraînent, peuvent également empêcher les parents d’envisager toutes leurs options. Il existe d’autres façons d’évaluer la demande : lorsque les programmes de développement de la petite enfance sont abordables et de qualité raisonnable, ils sont bien utilisés. Tous les enfants de cinq ans au Canada peuvent fréquenter la maternelle. Même dans les provinces et les territoires où la maternelle n’est pas obligatoire, plus de 99 % des enfants y sont inscrits25. Au Québec, alors que 60 % des enfants âgés de 1 à4 ans ont une place dans une garderie subventionnée, 40 % desfamilles qui n’en ont pas en veulent une26.
Bien que son accès à l’éducation à la petite enfance se soit accru, le Canada est loin derrière la majorité des pays membres de l’OCDE, pays qui ont pour la plupart créé des programmes universels pour leurs enfants de 4 ans.
Suite : (4. Environnements d’apprentissage)
22. Atkinson Centre. Resources on Extended Day (by School Board). Extrait de http://www.oise.utoronto.ca/atkinson/Resources/Topics/Extended_Day.html.
23. Janmohamed, Z., Akbari, E., McCuaig, K. (sous presse). Schools at the Centre: An examination of extended hours programming in 3 Ontario regions. Atkinson Centre, University of Toronto.
24. Ontario Municipal Social Services Association (2011). On the teeter-totter: The challenges and opportunities for licensed child care in rural, northern, and remote Ontario. Extrait de http://www.omssa.com/lib/db2file.asp?fileid=37058.
25. Organisation de coopération et développement économiques (2014), Division des politiques sociales, direction de l’emploi, du travail et des affaires sociales. PF3.2: Enrolment in childcare and pre-school. Extrait de www.oecd.org/els/soc/PF3_2_Enrolment_in_childcare_and_preschools_1May2014.pdf.
26. Fortin, P., Godbout, L., & St-Cerny, S. (2013). « L’impact des services de garde à contribution réduite du Québec sur le taux d’activité féminin, le revenu intérieur et les budgets gouvernementaux », Revue Interventions économiques. Extrait de http://interventionseconomiques.revues.org/1858.
© 2025 Atkinson Foundation. Tous droits réservés. Contact