Les parents font appel à divers programmes pour couvrir leurs heures de travail et pour offrir à leurs enfants différentes occasions d’apprendre et de socialiser avec d’autres enfants, mais ce sont les services de garde qui retiennent l’attention. Ils sont au coeur d’une controverse : sont-ils bénéfiques ou non pour les jeunes enfants qui les fréquentent? Certains se demandent si notre pays a les moyens de s’offrir ces programmes, tandis que d’autres proclament que nous ne pouvons pas nous en passer. Mais pour plus d’un million de familles, le fait de trouver et de conserver les services de garde détermine leur bien-être socioéconomique.
À l’exclusion du Québec, qui a adopté en 1998 une politique familiale qui s’articule autour de différentes mesures d’aide, les Canadiens ont tenté d’éviter de remplir leurs politiques de soutien familial avec des programmes pour les jeunes enfants. Au fédéral, les gouvernements successifs n’ont éprouvé aucun problème à transférer des paiements comptants plutôt que d’investir directement dans les services. Le Compte d’assurance-emploi rémunère les nouveaux parents à 55 % de leur salaire jusqu’à un an, tandis que le Québec possède son propre programme de congé parental, beaucoup plus généreux.11 La Prestation fiscale canadienne pour enfants (PFCE)b, 12 offre au moins 112 $ par mois pour les enfants jusqu’à 18 ans. Un paiement annuel imposable de 1 200 $ est offert pour tous les enfants jusqu’à l’âge de six ans,c, 13 et les parents ayant les reçus valides peuvent réclamer jusqu’à 7 000 $ en frais de gestion de garde. Après plusieurs tentatives ratées visant à établir une stratégie nationale pour les services de garde, le Transfert canadien en matière de programmes sociaux (TCPS) envoie des fonds aux provinces et aux territoires pour des programmes pour les jeunes enfants. Toutefois, les provinces n’ont pas à mettre sur pied ou à maintenir des services avec cet argent. La gamme de programmes ne suffit évidemment pas, avec un enfant sur dix qui vit dans la pauvreté.14
Tableau 1.4
Peu d’enjeux suscitent plus d’émotion que la manière dont les gouvernements appuient les parents pour élever leurs enfants d’âge préscolaire. La perception des rôles appropriés que doivent jouer les femmes auprès des jeunes enfants joue pour beaucoup. Les mères se sentent tiraillées entre le travail et la maison, coupables de laisser leurs jeunes enfants aux soins des autres. Pour celles qui ne se sentent pas déjà coupables de travailler à l’extérieur de la maison, la religion, les lobbyistes en matière de valeurs familiales et les gourous qui donnent des conseils familiaux peuvent les inciter à reconsidérer leur situation.
La plupart des femmes désirent travailler, tandis que plusieurs femmes doivent le faire; si elles ne travaillaient pas, l’économie ne roulerait pas. Une étude citée dans le Ottawa Citizen calcule que si un des parents de chacune des familles où les deux parents travaillent restait à la maison, les recettes fiscales diminueraient de 35 milliards de dollars annuellement.15 Alors que les Canadiens demeurent indécis sur la quantité et les types de soutien public appropriés pour les familles ayant de jeunes enfants, nos confrères de l’OCDE, organisation regroupant les pays les plus riches du monde, ont modifié la discussion en passant du besoin de s’occuper des enfants des parents qui travaillent au besoin de stimuler tous les enfants. Motivés par la grande quantité de recherches qui soulignent l’importance de la petite enfance quant aux habitudes futures en matière de santé, de comportement et d’apprentissage, les pays membres ont beaucoup investi dans les programmes d’éducation de la petite enfance, surtout en intégrant les plus jeunes enfants à l’éducation publique. À un an, les enfants de la Suède, du Danemark et de la Finlande peuvent participer à un programme préscolaire, alors qu’à l’âge de deux ans, ceux de la France et de la Belgique peuvent participer régulièrement à des programmes préscolaires. La plupart des pays de l’Union européenne se sont fixé comme objectif de fournir au moins deux années préscolaires à tous les enfants.
b En 2010, la Prestation fiscale canadienne pour enfants verse 112,33 $ par mois pour chaque enfant et un supplément de 7,83 $ par mois pour un troisième enfant et les enfants subséquents. Le montant de prestation est réduit lorsque le revenu familial net excède 40 970 $. Les familles dont le revenu net est inférieur à 23 855 $ peuvent également être admissibles au Supplément de la prestation nationale pour enfants (SPNE) et à la Prestation pour enfants handicapés (PEH). Pour une famille comportant un enfant, la SPNE verse 2 088 $ par année (174 $ par mois).
c La Prestation universelle pour la garde d’enfants (PUGE) verse, après impôt, de 680 $ à 950 $ selon le revenu net et la composition de la famille (couple où les deux conjoints travaillent, un seul travailleur, aucun travailleur, parent seul).
Prochain: 4. En commençant par la base que constitue l’éducation
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