Des études rétrospectives démontrent que le développement humain compromis in utero et pendant la petite enfance peut accroître les risques de maladies à l’âge adulte et de problèmes de comportement.
L’Adverse Childhood Experiences Study a étudié les données d’enquêtes biologiques et psychosociales de plus de 17 000 adultes de San Diego, en Californie, qui souscrivaient à une assurance privée appelée Kaiser Permanente.53 Il s’agit de l’une des plus importantes études jamais effectuées sur les liens entre le mauvais traitement pendant la petite enfance et la santé à l’âge adulte. L’étude a révélé que des expériences négatives pendant la petite enfance, incluant la violence faite aux enfants et le dysfonctionnement familial, sont statistiquement liées à une plus grande incidence de problèmes de santé mentale, d’accoutumance, d’obésité, de diabète de type 2, d’hypertension artérielle et de coronaropathie à l’adolescence et à l’âge adulte.
Sous le régime de Nicolai Ceauses
Sous le régime de Nicolai Ceausescu, l’avortement et la contraception étaient interdits en Roumanie. Beaucoup d’enfants ont été abandonnés dans des institutions où ils étaient négligés et abusés. Après la chute du régime, les familles nord-américaines et européennes ont adopté certains des enfants abandonnés. Des études de suivi ont démontré que les enfants confiés à des orphelinats pendant moins de six mois avaient plus de facilité à s’adapter à l’âge de 11 ans que les enfants adoptés plus tard.54 Les enfants vivant dans les orphelinats pendant plus de six mois étaient plus susceptibles de voir leur cerveau se développer de manière anormale (petit cerveau) et d’avoir des électroencéphalogrammes (EEG) anormaux, et leur activité métabolique avait plus de risque d’être faible. Ils étaient également plus susceptibles d’être autistes, de souffrir de trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH), d’être agressifs et antisociaux et de ne pas être assez développés sur le plan cognitif à l’âge de 11 ans.
Le Bucharest Early Intervention Project étudie deux groupes d’enfants institutionnalisés, soit ceux qui sont demeurés dans des orphelinats et ceux qui ont été adoptés par des familles d’accueil de grande qualité à divers âges. En plus de découvrir que la durée de la période passée en orphelinat est liée à un quotient intellectuel (QI) plus faible et à des problèmes de comportement, les chercheurs ont signalé que l’adversité en début de vie touchait les chromosomes des enfants et entraînait le vieillissement rapide de leurs cellules et augmentait probablement le risque de souffrir du cancer et de maladies du coeur à l’âge adulte.55
D’autres études ont corroboré les conclusions des études roumaines portant sur les orphelinats. Des interventions précoces peuvent améliorer les effets des expériences négatives. De 1987 à 1989, une étude qui a fait date et qui portait sur des enfants jamaïcains de 9 à 24 mois ayant une croissance retardée a révélé que deux ans de suppléments nutritionnels ou de stimulation cognitive amélioraient le développement des enfants56 et que les effets sur les compétences cognitives étaient toujours présents à l’âge de sept ans.57 Le groupe ayant reçu une stimulation a continué d’améliorer ses compétences cognitives à l’âge de 11, de 17 et de 22 ans, tandis que le groupe ayant reçu seulement les suppléments nutritionnels n’a tout simplement pas évolué.58 De plus, à 22 ans, le groupe stimulé était moins susceptible de faire preuve d’une grande violence.59
L’étude longitudinale de Dunedin étudie 1 000 personnes nées en 1972 à Dunedin en Nouvelle- Zélande. L’étude souligne l’interaction entre les expériences négatives et la régulation des gènes.60 En combinant des histoires détaillées, des tests psychologiques et des analyses génétiques, les scientifiques Moffitt et Caspi ont suivi la cohorte tous les deux ans jusqu’à l’âge de 15 ans, puis à 18, 21, 26, 32 et 38 ans. Les données longitudinales représentent un outil scientifique comportant des marqueurs génétiques et environnementaux qui prédisent des troubles de l’humeur, des comportements antisociaux et criminels, de la psychose et de la toxicomanie à long terme.
Moffitt, Caspi et leurs collègues ont étudié l’interaction entre les environnements et le gène de la monoamine-oxydase (MAO) pour expliquer pourquoi certains enfants ayant été abusés devenaient antisociaux, tandis que d’autres, non. La MAO est une enzyme qui agit de façon à maintenir l’équilibre sain de différents neurotransmetteurs, incluant la sérotonine et la dopamine. De plus, la MAO répartit et recycle l’excédant de neurotransmetteurs. Les conclusions ont révélé que la manière dont s’exprime le gène qui encode la MAO a une influence sur le taux d’enzyme et les processus biologiques. Les hommes qui ont été maltraités pendant l’enfance sont plus susceptibles d’être antisociaux si l’activité de la MAO est faible. Toutefois, les hommes dont l’activité de la MAO est faible mais qui n’ont pas été maltraités et les hommes dont l’activité de la MAO est élevée mais qui ont été maltraités ne sont pas devenus plus antisociaux.
L’étude longitudinale de Dunedin a également révélé que les individus ayant un gène de petite taille ou un allèle participant à la production de sérotonine étaient plus susceptibles d’être dépressifs ou suicidaires s’ils devaient faire face à l’adversité en début de vie. Les autres individus faisant face aux mêmes types d’adversité, mais qui possédaient deux longs allèles ou types de gène, étaient résilients et moins susceptibles d’être dépressifs.
Prochain: 9. Consilience : un nouveau cadre de compréhension
cu, l’avortement et la contraception étaient interdits en Roumanie. Beaucoup d’enfants ont été abandonnés dans des institutions où ils étaient négligés et abusés. Après la chute du régime, les familles nord-américaines et européennes ont adopté certains des enfants abandonnés. Des études de suivi ont démontré que les enfants confiés à des orphelinats pendant moins de six mois avaient plus de facilité à s’adapter à l’âge de 11 ans que les enfants adoptés plus tard.54 Les enfants vivant dans les orphelinats pendant plus de six mois étaient plus susceptibles de voir leur cerveau se développer de manière anormale (petit cerveau) et d’avoir des électroencéphalogrammes (EEG) anormaux, et leur activité métabolique avait plus de risque d’être faible. Ils étaient également plus susceptibles d’être autistes, de souffrir de trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH), d’être agressifs et antisociaux et de ne pas être assez développés sur le plan cognitif à l’âge de 11 ans.
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