Demandez à Jacoba ce qu’il préfère et il vous répondra l’« école ». En fait, Jacob ressemble à n’importe quel enfant de cinq ans qui fréquente la maternelle, mais son école est un peu diff érente. Le Bruce/WoodGreen Early Learning Centre de la Bruce Jr. Public School, située dans l’est de Toronto, a pour but de montrer à quel point l’incidence d’une bonne politique publique peut avoir un impact positif sur de saines pratiques sur le terrain. Contrairement à ses camarades de maternelle des écoles avoisinantes, Jacob fréquente un programme qui combine maternelle et service de garde. Ses journées continues sont remplies de musique, d’histoires, de jeux mathématiques et littéraires, de bricolages et de jeux extérieurs. Afi n de faire le plein d’énergie, un dîner chaud et des collations savoureuses sont servis. Entre-temps, Magela, sa mère, attend à l’autre bout du corridor dans une pièce colorée remplie de fauteuils pour adultes et de stations de jeux pour enfants.
Magela, nouvellement arrivée au Canada et mère de quatre garçons âgés de trois mois à sept ans, remercie le centre de lui avoir permis de rester saine d’esprit. « Lorsque je passais mes journées à la maison avec les enfants, j’étais stressée et dépressive. Ici, les enfants font ce qu’ils aiment et je bénéficie du support des autres parents et des conseils du personnel. »
La classe de Jacob n’est pas très différente d’une maternelle traditionnelle ou d’un service de garde régulier, mais « en coulisse », il se passe beaucoup de choses. Les enseignants, les éducateurs de la petite enfance, les assistants en éducation et le personnel en éducation familiale unissent leurs efforts afin de créer un environnement d’apprentissage qui tient compte des meilleures pratiques de la maternelle, de la petite enfance et de la famille. Les enfants ne passent pas du service de garde à la maternelle pour ensuite retourner au service de garde. Ils passent plutôt leur journée dans le même environnement, avec les mêmes adultes et les mêmes attentes. Les parents se rendent à leur travail rassurés sur le bienêtre de leur enfant, passent du temps dans la classe de leur enfant ou visitent le centre familial afin de jouer avec leur bébé et de discuter avec les autres parents et le personnel.
C’est un endroit où tous les membres de la famille apprennent. Auparavant, Jonah était jaloux de l’attention que sa mère donnait à son jeune frère Lucas. « Ici, je peux relaxer et allaiter le bébé, déclare Magela. Jonah est trop occupé avec ses amis et ses jouets pour que ça le dérange. Marie [l’éducatrice chevronnée de la petite enfance du centre familial] m’a conseillée sur la manière de gérer sa colère et je constate à quel point il a une plus grande estime de soi. »
Les enfants de Magela font partie des milliers d’enfants qui ont pris part au Toronto First Duty, un projet visant à combiner trois types de services, soit les services de garde réglementés, les maternelles et les programmes d’aide parentale, en un seul programme d’éducation de la petite enfance accessible aux familles. L’objectif est de répondre simultanément à deux besoins sociaux urgents : offrir aux enfants le départ intelligent dont ils ont besoin pour l’école et pour la vie, tout en appuyant les parents qui travaillent, étudient ou s’occupent des autres membres de la famille. À l’origine, le projet était axé sur les enfants qui fréquentaient la prématernelle et la maternelle. En réponse aux besoins des familles, il s’adresse maintenant aussi aux jeunes enfants et offre un programme à plein temps et à longueur d’année pour les enfants d’âge scolaire.
Depuis sa mise sur pied en 2000, le Toronto First Duty a inspiré la réalisation d’expériences similaires dans les collectivités du Canada atlantique jusqu’à la Colombie-Britannique, de même que dans des endroits aussi éloignés que l’Australie. Ceux qui visitent l’école font souvent la même remarque : « J’aimerais avoir les moyens. » Ils se font répondre : « Vous les avez. Nous ne recevons pas plus de ressources que n’importe quelle autre école de la collectivité. Nous les utilisons tout simplement de manière différente. » D’un point de vue financier, c’est ce qui fait la beauté du programme intégré d’éducation de la petite enfance. Plutôt que de reposer sur des structures administratives et financières fragmentées et de souvent payer deux fois pour les mêmes enfants et familles, le programme combine les employés, les installations, l’équipement, les fournitures et l’administration afin d’en faire un centre efficace sur le plan financier et de donner l’envie aux parents d’y envoyer leurs enfants.
a Entrevue véridique, mais les noms ont été changés à des fins de confidentialité.
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