Les élections fédérales de 2011 ont révélé comment ce schisme générationnel s’est répandu dans notre système démocratique. Les prévisions des sondeurs étaient tellement erronées en ce qui concerne les résultats des élections qu’ils ont dû enquêter afin de comprendre pourquoi. Leurs analyses ont indiqué une ligne de faille en matière de vote : les babyboumeurs ont voté, mais pas leurs enfants adultes.35 Plus les électeurs étaient âgés, plus ils étaient susceptibles de voter (de 60 à 80 %), et ce, pour le Parti conservateur. Les plus jeunes électeurs ont déclaré aux sondeurs qu’ils préféraient le Parti libéral et le Nouveau Parti démocratique, mais ils n’ont pas voté le jour des élections.
Lorsque plus de 50 % des électeurs de moins de 45 ans ne votent pas et que seuls 30 % des électeurs âgés de 18 à 25 ans vont voter, les politiciens s’adressent aux Canadiens plus âgés et dirigent le pays en leur nom. Moins le discours public tient compte des jeunes, plus ceux-ci s’en détachent. Au Canada, l’âge médian est de 42 ans, et il ne cesse d’augmenter. Les jeunes vieillissent tout en continuant d’être apolitiques. Les baby-boumeurs vieillissent également et une facture salée liée à leur retraite les accompagne. Les tensions entre les jeunes et les gens plus âgés ne peuvent que s’intensifier, et peu d’issues démocratiques permettront de les atténuer.
Si on veut faire en sorte que les jeunes Canadiens s’intéressent au processus politique, ce dernier doit tenir compte de leurs préoccupations. Pour la cohorte de gens qui élèvent de jeunes enfants, il serait de mise de privilégier une législature qui éliminerait un de leurs principaux facteurs de stress en offrant des soins éducatifs abordables pour leurs enfants. La solution de rechange est une démocratie où une personne sur deux ne voit pas de rôle pour elle-même, ce qui constitue une base fragile pour la survie démocratique.
Tableau 1.9
Prochain: 7. Faire une différence
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