À environ sept mois de grossesse, les voies sensorielles du cerveau pour l’ouïe sont activées et le foetus devient sensible aux qualités rythmiques de la principale langue parlée à la maison. Au cours des six ou sept premiers mois de leur vie, les bébés commencent à gazouiller et babiller, et leurs gazouillements sont les mêmes, que leur famille parle français, ourdou ou japonais. À la fin de la première année, les bébés se mettent au diapason de la langue qu’ils entendent et adaptent leurs gazouillements : en fait, ils cessent de produire les sons qu’il
À environ sept mois de grossesse, les voies sensorielles du cerveau pour l’ouïe sont activées et le foetus devient sensible aux qualités rythmiques de la principale langue parlée à la maison. Au cours des six ou sept premiers mois de leur vie, les bébés commencent à gazouiller et babiller, et leurs gazouillements sont les mêmes, que leur famille parle français, ourdou ou japonais. À la fin de la première année, les bébés se mettent au diapason de la langue qu’ils entendent et adaptent leurs gazouillements : en fait, ils cessent de produire les sons qu’ils n’entendent pas.
Janet Werker et une équipe de scientifi ques de l’Université de la Colombie-Britannique ont découvert que l’acquisition des langues entendues commence même avant la naissance, dans l’utérus.36 Ils ont établi une corrélation entre un « réfl exe de succion » qui, apparemment, démontre de l’intérêt, et le fait de se faire parler dans diff érentes langues.
En moyenne, les bébés qui entendaient majoritairement l’anglais avant la naissance eff ectuaient de plus fortes tétées par minute lorsqu’ils entendaient l’anglais qu’une autre langue. Les bébés exposés régulièrement à au moins deux langues avant la naissance eff ectuaient le même nombre de tétées lorsqu’ils entendaient les deux langues.
Tableau 2.8
Réalisant que les bébés « bilingues » auraient pu démontrer le même intérêt dans les deux langues simplement parce qu’ils ne connaissaient pas la différence, les chercheurs ont eff ectué une deuxième expérience afin de déterminer si les bébés pouvaient différencier les langues. Les enfants en bas âge entendaient des phrases dans une langue jusqu’à ce qu’ils soient habitués. Ensuite, soit ils entendaient des phrases dans l’autre langue parlée par la même personne, soit ils entendaient des phrases dans la même langue mais dites par une personne différente. Les bébés effectuaient plus de tétées lorsque la langue changeait, mais pas lorsque la même langue était parlée par une autre personne, suggérant qu’ils peuvent différencier les deux langues.
Après la naissance, l’exposition précoce au langage à la maison prédit la richesse du vocabulaire des enfants et plus tard la qualité des aptitudes verbales37 et des capacités de lecture et d’écriture.38 Une étude américaine a indiqué qu’à quatre ans, les enfants des familles aisées ont entendu 30 millions de mots de plus et que leur vocabulaire est trois fois plus riche que les enfants des familles à faible revenu.39 Les enfants dont les aptitudes verbales sont moins développées à trois ans sont susceptibles d’éprouver des problèmes de lecture et d’écriture lorsqu’ils entrent à l’école, et nombre d’entre eux n’obtiendront pas de bons résultats scolaires.
Une étude longitudinale québécoise (l’Étude longitudinale du développement des enfants du Québec) a révélé que le langage (expressif) des enfants avant l’entrée à l’école constitue le meilleur déterminant de la capacité de lecture au début de l’école primaire.40 Des activités de lecture conjointes à partir de 18 mois améliorent la capacité de lecture de l’enfant, peu importe le statut socioéconomique de la famille. De plus, les pratiques familiales en matière de lecture et d’écriture (davantage de conversation, de livres et de lecture et moins de télévision et de jeux vidéo) enrichissent le vocabulaire de l’enfant.
Competent Children, Competent Learners, une étude longitudinale de la Nouvelle-Zélande, a obtenu les mêmes conclusions.41 Les enfants moins productifs (à l’âge de cinq ans) étaient susceptibles d’obtenir des notes très inférieures à la moyenne à la suite des tests de lecture et de mathématiques à 14 et à 16 ans, et ce, peu importe leur statut socioéconomique. L’étude a commencé en 1993 et a été menée auprès de 500 enfants qui avaient presque cinq ans et qui participaient à des programmes d’éducation à la petite enfance pour étudier si l’éducation à la petite enfance aidait les enfants à apprendre tout au long de leur vie et de quelle manière. Les chercheurs ont recueilli des données sur les compétences cognitives, les capacités de socialiser et de communiquer et les expériences familiales et éducatives. Les conclusions ont révélé la difficulté à améliorer de piètres niveaux de performance, particulièrement après huit ans. L’étude souligne la valeur des programmes d’éducation à la petite enfance qui comprennent du personnel très compétent, des interactions avec les enfants, du personnel qui joue avec les enfants et un environnement « saturé d’images ». De plus, évaluer les enfants et leurs besoins selon leur performance se révèle une tâche plus précise que de prendre des décisions selon les indicateurs de risque social.
Prochain: 7. Apprentissage, comportement et santé
s n’entendent pas.
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