Au moment où les Québécois lançaient leur révolution pour les enfants, Dr Fraser Mustard et moi publiions l’Étude sur la petite enfance (1999). Cette étude est devenue un élément déclencheur qui a permis de changer le discours des parties intéressées traditionnelles et a suscité l’intérêt auprès de nouvelles personnes dans les communautés scientifique, financière et de la santé. Nous y recommandions d’intégrer le fouillis actuel de services pour enfants à des centres communautaires de développement de la petite enfance et à des centres d’éducation familiale auxquels chaque enfant aurait accès. Cette vision a donné lieu à des projets comme First Duty à Toronto, Schools Plus en Saskatchewan et Community Schools dans le sud de l’Australie. Ces lieux de démonstration précoces ont fourni aux décideurs politiques un endroit où ils pouvaient « palper » la différence entre des services pour enfants traditionnels en silo et un format intégré. Les parents ont pu participer à un programme intégré, et les politiciens, les intervenants et les experts sont venus des quatre coins du monde pour voir à quoi pourrait ressembler l’avenir. Cela a donné confiance aux gouvernements et leur a permis de s’engager à développer encore plus de projets.
Ces modèles ont été mis en évidence dans Early Years Study 2, qui portait sur les cadres stratégiques politiques nécessaires pour maintenir de telles initiatives. Le rapport recommandait que les programmes d’éducation de la petite enfance soient intégrés à l’éducation publique. Le travail de ces dirigeants — qui ont montré comment combiner la gouvernance, les ressources, les installations, la dotation et les méthodes pédagogiques d’apprentissage et de garde des jeunes enfants ainsi que le soutien aux familles — continue de susciter l’innovation ailleurs. En effet, ces innovations inspirent des sites de démonstration, appuyés par la Margaret and Wallace McCain Family Foundation, en partenariat avec les gouvernements du Nouveau-Brunswick, de l’Île-du-Prince-Édouard, de la Nouvelle-Écosse et dans une communauté des Premières Nations de l’Ontario.
Au cours du développement de ces laboratoires d’apprentissage pour les jeunes enfants, des études inédites ont révélé comment l’influence réciproque entre l’environnement et l’hérédité pendant la petite enfance détermine la trajectoire future de l’apprentissage, de la santé et du comportement. De nouvelles études économiques ont analysé comment les activités préscolaires influencent les enfants et entraînent une croissance économique et un important retour sur l’investissement public. Ces conclusions ont été communiquées dans des rapports, des conférences, des articles de journaux et des campagnes d’information publique, avec l’appui, dans plusieurs cas, d’un groupe de fondationsa qui se sont regroupées pour centrer leurs efforts sur le développement humain à la petite enfance.
Ensemble, notre objectif est ambitieux, prometteur et fondamentalement progressif : offrir une éducation subventionnée par l’État à tous les enfants de deux à cinq ans. Elle serait acc essible, abordable et de grande qualité, et sur une base volontaire, les parents décideraient si leurs enfants en profiteraient et à quelle fréquence. Nous bâtissons à partir d’un succès récent : la majorité des enfants de cinq ans au Canada fréquentent maintenant la maternelle à temps plein et certaines juridictions ont amélioré l’accès pour les enfants de quatre ans. L’analyse nationale du chapitre 5 démontre que même les enfants âgés de deux et de trois ans sont plus enclins à participer à un programme de groupe qu’auparavant.
Notre proposition est réaliste. En élargissant le mandat de l’éducation afin d’inclure les enfants plus jeunes, nous pouvons couvrir la période entre le congé parental et la scolarisation. En incluant l’option d’activités quotidiennes prolongées pour les familles qui en font la demande, le Canada peut accéder à un programme d’apprentissage et de garde des jeunes enfants qu’il exige depuis longtemps. Notre initiative repose sur l’éducation subventionnée par l’État, car elle profite de la confiance des Canadiens et s’adresse déjà aux enfants d’âge scolaire. Nécessitant moins d’efforts que le lancement d’un tout nouveau programme social, l’éducation peut également répondre aux besoins des enfants d’âge préscolaire. Parallèlement, les écoles peuvent devenir le centre de la communauté pour les familles grâce au soutien et aux programmes qu’elles offrent dès le début de la grossesse.
La lutte pour l’éducation universelle et de grande qualité pendant la petite enfance est au coeur d’une plus grande bataille visant à élargir la portée de la responsabilité du gouvernement afin d’assurer le succès des jeunes enfants et de leur famille. Elle comprend de meilleurs congés parentaux, un soutien du revenu et un environnement de travail qui tiennent compte des besoins des familles. La qualité est le mot clé. Les avantages que procure une éducation de grande qualité pendant la petite enfance ont été clairement établis, mais les programmes de piètre qualité peuvent être pires que s’ils n’existaient pas du tout. Lorsqu’ils n’atteignent pas les résultats promis, ils peuvent retarder le développement des enfants, gaspiller l’argent des contribuables et nuire à long terme aux efforts visant à améliorer les services préscolaires.
Les résultats promis sont justifiés par une avalanche de démonstrations, attestant que l’engagement d’investissement public pour améliorer le développement des enfants peut être transformateur. Ne pas agir nuit aux individus et à la société. L’écart développemental qui survient si tôt après la naissance pour plusieurs enfants non seulement détruit leur potentiel individuel, mais crée également un fardeau insoutenable pour nos systèmes d’éducation et de santé physique et mentale. Il prive l’économie d’une capacité à produire et la société de participants contributeurs et engagés. Renverser cette tendance demande de prendre des décisions intelligentes sur les programmes et l’organisation des systèmes et d’effectuer des investissements publics dans un système pour la petite enfance comparables aux investissements publics alloués à l’éducation des enfants âgés de 6 à 18 ans.
a Atkinson Charitable Foundation, Fondation Lucie et André Chagnon, Lyle S. Hallman Foundation, Fondation Lawson, Margaret and Wallace McCain Family Foundation, Fondation de la famille J. W. McConnell, Fondation Muttart, Jimmy Pratt Foundation et Max Bell Foundation.
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