L’OCDE recommande que les provinces et les territoires du Canada entreprennent des démarches pour « établir des ponts entre les services de garde et la maternelle afin d’intégrer l’éducation à la petite enfance sur le terrain, mais également au niveau des politiques et de la gestion »*. Les évaluations montrent bien l’importance de confier la responsabilité des jeunes enfants à un ministère qui combine l’élaboration des politiques, le financement et les pouvoirs de réglementation. Il est plus facile d’élaborer une vision commune de l’éducation à la petite enfance et de s’entendre sur les objectifs à viser au sein d’un seul ministère. Une gestion partagée a tendance à considérer à tort les services de garde comme un service de réforme sociale avec toutes ses faiblesses inhérentes : mauvaise perception du public, peu de financement et personnel sans formation et sous-payé. Une recherche canadienne nous apprend que le retour sur l’investissement créé en intégrant l’éducation et la garde des jeunes enfants au chapitre de la prestation de services en appui aux parents qui travaillent est rentable. De plus, la surveillance commune évite le chevauchement des administrations et des budgets. D’un point de vue pédagogique, intégrer l’apprentissage et la garde des jeunes enfants permet aux gestionnaires et aux éducateurs de mieux aborder le continuum d’apprentissage à partir de la naissance et tout au long de la vie.
Quatre points de référence touchent la gouvernance des systèmes d’éducation à la petite enfance.
Un seul ministère qui surveille les services de garde, de même que la maternelle et les autres programmes préscolaires financés par l’éducation constitue l’exigence de base pour ce point de référence (Tableau 1.2).
Tableau 1.2
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Ce point de référence évalue si l’intégration va au-delà de la coexistence des deux secteurs (éducation et garde d’enfants) sous le même toit alors qu’ils sont toujours exploités comme des entités distinctes. Les services d’EPE se trouvent-ils sous une unité de surveillance commune où du personnel spécialisé est responsable des programmes publics (offerts à l’école) et des programmes privés en EPE (services de garde ou établissements préscolaires) (Tableau 1.2).
Les administrateurs, les gestionnaires et les éducateurs ont besoin d’une orientation politique très claire et bien communiquée, accompagnée d’une vision, d’objectifs, d’échéanciers et de points de référence pour guider leur travail. Certaines provinces ont mis sur pied des directives politiques pour les programmes d’éducation à la petite enfance offerts dans les garderies et/ou dans les écoles. L’exigence de base pour ce point de référence est que les orientations des politiques englobent à la fois l’éducation et les soins afin de les harmoniser de manière à appuyer le continuum d’apprentissage (Tableau 1.2).
La gestion et la prestation des services sur le terrain devraient tenir compte de l’intégration de cadres stratégiques à l’échelle provinciale et ainsi ne plus obliger les parents et les enfants à naviguer entre des services en silos. Tous les services d’éducation à la petite enfance, autant publics que privés, devraient être liés à une autorité locale commune responsable de soutenir les normes exigées par les politiques provinciales. Les autorités locales seraient responsables d’organiser la prestation de services d’éducation à la petite enfance afin de faciliter la transition des programmes préscolaires à ceux de la maternelle puis à ceux du primaire. Un certain progrès a été réalisé, car des commissions scolaires offrent les services d’éducation et de garde aux enfants fréquentant la maternelle et à ceux des autres degrés, mais peu de provinces dirigent une autorité locale qui gère le continuum des programmes d’EPE. Il existe plusieurs tables de concertation qui regroupent les fournisseurs de services en éducation et de services aux enfants. Ces organismes ne sont pas mandatés pour mettre en place des services ou instaurer des normes de qualité. Ce point de référence nécessite une gouvernance locale avec ce niveau décisionnel (Tableau 1.2).
*Organisation de coopération et de développement économiques, direction de l’éducation (2004). Early childhood care and education policy: Canada country note. Paris, France : Secrétariat de l’OCDE, p. 71.
Suite : (II. Points de référence axés sur le financement visant à promouvoir la qualité, l’accessibilité et l’équité)
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