Pour Camil Bouchard, c’était voir ses propres mots prendre vie. En 1992, ce professeur de l’Université du Québec à Montréal a soumis au gouvernement son rapport intitulé Un Québec fou de ses enfants. Le titre accrocheur rappelait à quel point il est important pour chaque enfant qu’au moins un adulte soit fou de lui. Bouchard a demandé aux Québécois de répondre aux besoins des jeunes enfants et des jeunes en général avec équité, générosité et compassion. Le vibrant appel à l’action du rapport a galvanisé les activistes pour la cause des enfants et est devenu un modèle pour les décideurs politiques et, en fi n de compte, a changé la vie des Québécois.
Les universitaires de plusieurs domaines ont compilé les résultats des initiatives concernant les enfants au Québec, et les conclusions se sont avérées surprenantes. En une seule décennie, le Québec est passé de la dernière à la première position en ce qui a trait à de nombreux indicateurs sociaux importants.3 Alors qu’elle détenait le plus faible taux de femmes au travail du Canada, la province affiche maintenant le taux le plus élevé. Et alors qu’auparavant les Québécoises étaient moins susceptibles d’aller à l’école postsecondaire que leurs homologues du reste du Canada, aujourd’hui elles sont les plus nombreuses.4 De plus, les résultats au Québec de tests standardisés au primaire et au secondaire sont passés d’inférieurs à la moyenne canadienne à un niveau supérieur à la moyenne.
Bien qu’elles travaillent plus, les Québécoises ont un plus grand nombre d’enfants5 et les pères s’impliquent plus dans leur éducation. Une proportion de 82 % des pères profite d’un congé payé après la naissance de leurs enfants, comparativement à tout juste 12 % dans le reste du pays.6 De plus, les programmes pour la petite enfance qui permettent aux mères de travailler ont réduit le taux de pauvreté des enfants du Québec de 50 %.7
Finalement, dans le cadre d’une analyse qui devrait attirer l’attention des décideurs politiques de tous les pays, l’économiste montréalais Pierre Fortin révèle que les recettes fiscales provenant des mères qui peuvent travailler en raison des programmes pour enfants à faible coût couvrent tous les frais du système québécois.8
Cet automne, la Fondation Lucie et André Chagnon a souligné l’anniversaire du rapport du professeur Bouchard. La célébration coïncide naturellement avec le lancement de la troisième édition de Le point sur la petite enfance 3 : Prendre des décisions, agir. À presque 20 années d’intervalle, les deux documents exposent de manière convaincante les raisons pour lesquelles les décideurs politiques devraient centrer leurs efforts et leurs ressources sur les jeunes enfants et leur famille.
Prochain: 2. Changing the Conversation
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