Les services à la petite enfance sont partagés entre les programmes de développement, de soutien aux parents et de garde. La maternelle est offerte comme un prolongement de l’éducation publique, un droit pour tous et sans frais. Les programmes aux parents sont subventionnés par des commanditaires publics et communautaires. Là où ils sont offerts, ils sont généralement peu coûteux, voire gratuits pour les parents. La maternelle et les programmes pour les parents ne comblent pas les besoins en soins à l’extérieur du milieu familial, lesquels incombent aux garderies. Les lois du marché dominent encore ces services, ce qui fait qu’ils sont précaires, fragmentés et peu enclins à rendre des comptes.
En 2006, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a lancé Petite enfance, grands défis, l’étude la plus complète en matière de développement et de soins à la petite enfance jamais réalisée19. Cette étude, menée dans 20 pays et échelonnée sur huit ans, a révélé que dans les instances où les politiques et la prestation en matière d’éducation et de services de garde étaient divisées, des défis similaires se posent :
Les prestataires de services sont également mis à l’épreuve :
Le profil canadien de l’OCDE de 2004 correspond au profil énoncé plus haut20. On a souligné les défis en matière de financement et d’accès, tout comme l’absence de lois cohérentes et de cadres stratégiques. Selon l’OCDE, un plus grand investissement public est nécessaire, mais comment cet investissement est dépensé est tout aussi important.
Depuis, les décideurs politiques, les chercheurs, les parents et les éducateurs conviennent que les programmes de développement de la petite enfance devraient être structurés de manière à s’assurer que tous les enfants qui commencent l’école soient prêts à réussir. Dans le cadre de l’Éducation au Canada – Horizon 2020 : déclaration conjointe des ministres provinciaux et territoriaux de l’Éducation, les années préscolaires représentaient le premier des quatre piliers de l’apprentissage tout au long de la vie. Selon cette déclaration, tous les enfants devraient avoir accès à une éducation de grande qualité en début de vie21.
Une compréhension plus fine du rôle que doivent jouer les politiques publiques dans le soutien du développement pendant la petite enfance a incité les provinces et les territoires à adopter une vision plus globale de ce que représentent les premières années. La plupart des provinces et des territoires ont mis sur pied des cadres stratégiques en incluant leur vision et leurs objectifs. De plus, les ministères de l’Éducation encouragent de plus en plus activement l’apprentissage chez les jeunes enfants.
Depuis 2006, huit provinces et territoires ont désigné un ministère responsable des services à la petite enfance. L’Île-du-Prince-Édouard, le Nouveau-Brunswick, l’Ontario, la Saskatchewan, les Territoires du Nord-Ouest, le Nunavut, et plus récemment la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve ont fusionné l’éducation, les services de garde et d’autres services aux jeunes enfants au ministère de l’Éducation. Au Québec, depuis 1998, les écoles sont responsables des programmes parascolaires s’adressant aux enfants de 5 à 12 ans. Le plan de cinq ans du Manitoba pour la garde d’enfants (2014) comprend une commission mandatée pour étudier la prestation des services.
Le regroupement des responsabilités de la petite enfance au sein du même ministère ne garantit pas nécessairement la cohérence des politiques et du financement. Des provinces et territoires ont mis sur pied des divisions particulières au sein d’un ministère afin de combler les besoins uniques des jeunes apprenants. Ces unités ont adopté une vision holistique du développement des jeunes enfants qui aide les écoles à créer des environnements adaptés aux jeunes apprenants, ce qui a permis d’alléger certaines préoccupations selon lesquelles les écoles ne sont pas suffisamment réceptives aux besoins de très jeunes enfants. Le mandat du Nouveau-Brunswick à l’égard des enfants de zéro à huit ans se reflète dans le réexamen de leurs méthodes pédagogiques au primaire. L’Ontario et Terre-Neuve sont en train de réviser le programme scolaire de la première à la troisième année en se basant sur les réussites des expériences de cadres d’apprentissage avec les jeunes enfants.
Placer la garde d’enfants sous la responsabilité des ministères de l’Éducation a ses limites si la prestation des services demeure fragmentée. Les parents éprouvent encore de la difficulté à trouver des services abordables et fiables, et les prestataires de services continuent à jongler avec de multiples sources de financement et de réglementation. Dans le cadre d’une réorganisation d’envergure, le Nouveau-Brunswick a harmonisé tous ses services à la petite enfance avec ceux de sept nouvelles divisions scolaires. Les amendements à la nouvelle loi sur la garde d’enfants de l’Ontario stipulent que les conseils scolaires et prestataires de services doivent collaborer avec les gestionnaires municipaux des services à l’enfance pour la planification et la prestation des services à la petite enfance.
Créer un système d’éducation à la petite enfance à partir d’un ensemble disparate de services n’est pas simple, mais cela en vaut la peine. Lorsque l’éducation à la petite enfance est organisée de manière à soutenir également la participation des parents au marché du travail, elle se paie d’elle-même. Les parents qui sont en mesure de travailler paient plus d’impôts et reçoivent moins de transferts sociaux. Les enfants qui sont éduqués et stimulés durant leur petite enfance risquent moins de se retrouver dans des programmes d’éducation spéciale coûteux. Il est primordial d’établir de bonnes structures de gouvernance pour créer des services efficaces d’éducation à la petite enfance.
Tableau 1.2
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Suite : (2. Financement)
19. Organisation de coopération et de développement économiques (2006). Petite enfance, grands défis II. Paris, France. Secrétariat de l’OCDE.
20. Organisation de coopération et de développement économiques, direction de l’éducation (2004). Early childhood care and education policy: Canada country note. Paris, France. Secrétariat de l’OCDE.
21. Conseil des ministres de l’éducation, Canada (2008b). L’éducation au Canada : Horizon 2020. Déclaration conjointe des ministres provinciaux et territoriaux de l’éducation. Extrait de http://www.cmec.ca/Publications/Lists/Publications/Attachments/187/CMEC-2020-DECLARATION.fr.pdf.
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